Une fillette parmis les femmes. [Mark Renton]

Candice errait souvent seule dans son quartier. Elle ne voulait pas retourner là où elle avait grandi. De peur que ses parents la reprennent de force. En lisant la dernière nouvelle de l'heure dans un journal tout boueux qu'elle avait trouvé par terre, elle réalisa qu'on la cherchait vraiment.

Son père lui avait pourtant indiqué la porte... Il voulait qu'elle parte. Et maintenant, ils la cherchaient. On avait dépêché une équipe de policier pour la rechercher. On avait même mis sa photo dans le journal avec toutes sorte de look que la jeune femme aurait pu aborder. Candice avait ri car on soupçonnait qu'elle était devenue une prostituée ou une vendeuse de drogues.

Prostituée...

Justement, il y avait une maison close au coin de la rue. Et puisque le ciel grisonnant annonçait surement une pluie glaciale, Candice décida d'aller s'y réfugier pour ne pas mouiller son pantalon cigarette et sa veste noire en satin... Un achat judicieux, au temps où elle restait encore chez ses parents. Elle jeta son journal par terre et courut vers la maison. En poussant les portes battantes, un nouveau monde s'étala devant ses yeux.

Des femmes habillées en mini-jupes, talons hauts, collants déchirés avec une cigarette à la bouche fixaient la porte, le regard vide. Elles devaient être droguées. Quelques fois, un homme richement habillé entrait, empoignait une de ces femmes et la trainait en haut du grand escalier de bois qui craquait sous chacun de leurs pas. Il devait y avoir des chambres en haut.

*Au moins elles se font de l'argent, elles... Mais à quel prix... ? *

Candice Oakley repéra un banc près d'une fenêtre barricadée. Elle alla s'y asseoir et essaya de se faire petite. La plus minuscule possible. Elle était encore une fillette parmi toutes ces femmes.

La porte avait claqué et une autre femme était entrée dans la maison, visiblement frustrée. Elle était allée se poster dans un coin avant d'allumer une cigarette. Elle avait dévisagé Candice et avait soufflé sa fumée dans sa direction. La femme devait avoir eu une mauvaise journée. Candice avait soudainement envie d'une cigarette. L'atmosphère était tendue. Et le fait de remplir ses poumons de nuages toxiques lui faisait du bien. Elle sortit donc son paquet de cigarette. Il y avait 7 cigarettes, et 2 joints de cannabis.

Elle n'avait même pas eu le temps de porter sa cigarette à sa bouche qu'elle entendit la porte s'ouvrir dans un grincement sourd. Un homme à l'allure peu fière s'était avancé d'un pas incertain dans la maison. Il avait regardé autour de lui et pendant quelques instants toutes les femmes de la place l'avaient regardé. Elles le suppliaient du regard d'aller vers elles.

Mais il avait choisi de se diriger vers le banc sur lequel Candice était assise. Elle avait porté sa cigarette à sa bouche et l'avait allumée et s'était maladroitement étouffée avec la fumée lorsqu'il lui avait parlé.

- Euh… Bonjour… Je peux m’asseoir ?

Oh non... Il voulait la payer pour coucher avec elle...Ou peut-être pas... Apres tout elle n'était pas la mieux foutue de l'endroit. Il y avait des tas de femmes avec une poitrine plus généreuse que la sienne et avec une allure beaucoup plus assurée que Candice. L'adolescente prit une autre bouffée de sa cigarette puis souffla la fumée au plafond puis doucement elle se retourna doucement vers l'homme, un sourire aux lèvres.

-Oui, tu peux t'asseoir mais je suis pas une pute. Il y en a ici qui attendent juste que tu sortes ton argent. Tes tombé sur la mauvaise fille je crois.

Elle garda son sourire puis lui tendit sa cigarette. Elle ne voulait pas le gêner non plus. Elle avait une sorte de don pour se retrouver dans des situations de malentendus comme celle-ci

Je la regarde attentivement et je vois qu’elle est dans ses pensées. Elle doit sûrement croire que je suis un client intéressé et qu’elle n’a pas de chance car elle est pas tombée sur le top du top. Elle tire sur sa clope et elle lâche la fumée vers le plafond, puis elle me souris en se tournant lentement vers moi.

"Oui, tu peux t'asseoir mais je suis pas une pute. Il y en a ici qui attendent juste que tu sortes ton argent. Tes tombé sur la mauvaise fille je crois."

La mauvaise fille ? Au contraire je suis tombée sur la bonne car je ne voulais pas d’une prostitué. Je lui rend son sourire et je m’installe rapidement à ses côtés. J’accepte la cigarette qu’elle me tend avec plaisirs, mais ce qu’il me faudrait c’est quelque chose de plus fort pour me satisfaire entièrement. Je prend une bouffée de se poison et je crache la fumée au travers de mes lèvres… Je lui rend sa clope en lui souriant et en plongeant mon regard dans le sien.

- Je ne voulais pas d’une pute… C’est parfait !

Mon regard se détache du sien et je fais le tour de la salle pour observer cet endroit très malsain. Les femmes sont à la recherche du moindre client et elles font tout pour se faire remarquer en premier. Un homme prend l’une d’elle par le bras et il l’embarque au premier étage comme un vulgaire chiffon. Je fais une petite moue de dégoût en voyant cette scène… Comment peut-on faire ce genre de métier et comment peut-on traiter des femmes de cette manière ? Je ne dis pas que je suis un saint avec les filles car il m’arrive de coucher avec elles juste pour une nuit, mais au moins je ne les paye pas et je ne les traite pas ainsi.

Je sors à mon tour un paquet de clope, mais à l’intérieur je choisis un joins que j’avais pris soin de rouler juste avant. Je l’allume et je tire dessus pour que mon corps se contente de cette drogue pour le moment. Je me ferai un fix plus tard dans la journée… Je tourne mon visage vers la jeune femme assise près de moi et je lui fais un doux sourire.

- Que fais-tu dans ce genre d’endroit ? Tu recherches quoi ?

Ma question est peut-être indiscrète, mais je me demande ce que peut bien faire une jeune femme dans un lieu pareil. Elle aurait meilleur temps de sortir avec ses amis et de faire du shopping car dans cet endroit elle pourrait faire de biens mauvaises rencontres.

Je penche la tête quand elle prend la parole et je l’écoute attentivement car ce qu’elle me dit m’intéresse. Elle cherche un toit car elle est partie de chez ses parents et apparemment elle dort n’importe où. A son âge… Elle devait sûrement avoir une très bonne raison pour être parti du cocon familial. Moi j’étais partis plus tard qu’elle car je n’avais pas les moyens de me payer mes doses et d’avoir un toit. Mes parents ne savaient plus quoi faire de moi et ils me donnaient de l’argent ou je me servait dans leurs portefeuilles pour m’acheter ma came. Un jour ils en ont eu marre de voir leur fils se détruire et ils m’ont dit d’aller dans un centre pour me sevrer ou qu‘ils m‘y mettraient de force si je refuse d‘y rentrer… Le lendemain j’étais déjà loin, mais pas dans l’un de ces centres de désintoxication, dans mon vieux taudis qui se trouve au centre ville.

- Je comprend… Moi aussi j’ai fuis mes parents et mes amis qui devenaient trop encombrant à mon goût ! En plus mes parents voulaient me foutre dans un centre à la con pour que j’arrête la came ! Alors je me suis barré et je me suis trouvé un vieux appartement… Bon ce n’est pas du luxe, mais au moins j’ai un toit sur la tête ! Enfin moi j’ai 26 ans… Tu m’as l’air jeune ?

Je fronce les sourcils en la regardant plus méticuleusement et je n’arrive pas à lui mettre un âge précis… Je n’ai jamais été doué pour ce genre de truc, mais elle doit avoir à peine 18 ans. Soudain je me dis que je devrais lui proposer d’héberger chez moi le temps qu’elle se trouve un truc un peu mieux… Mais peut-être qu’elle apprécierait pas car elle ne me connais pas et je lui fais peut-être peur… Je peux toujours lui demander et si elle refuse tant pis pour elle… Je suis pas un ogre, ni un mangeur de femmes, mais je peux comprendre qu’elle n’ai pas envie de partager mon taudis, ce n’est pas très fastueux. Je me mords la lèvre avant de prendre la parole…

- Si… Enfin je pensais que si tu voulais… Ben tu pourrai venir vivre chez moi ! Je veux dire le temps que tu trouves mieux… Je sais qu’on ne se connaît pas, mais se sera toujours mieux qu’ici !

Je lui fais un sourire en espérant qu’elle me prenne pas pour un psychopathe. Je ne suis pas super bien habillé, mais je n’ai pas une tête effrayante, enfin il me semble pas…

Je garde mon petit sourire qui devient de plus en plus crispé car je m’attend à une réponse négative. J’espère qu’elle ne va pas me foutre une baffe en pensant que je veux profiter de son corps. Je fronce les sourcils en la voyant sourire car pour la première fois je la vois avec une lueur de satisfaction sur le visage. Elle semble plutôt satisfaite de ma demande… J’en suis totalement persuadé quand elle se lève pour me prendre dans ses bras et qu’elle me serre tellement fort que j’ai l’impression que tout mes os vont se brisés. Elle se met à rire joyeusement ce qui attire l’attention des autres femmes… Elles doivent se demander ce qui se passe entre nous pour que cette jeune femme soit si démonstrative.

"Oh! Merci ! Tu me sauves la vie, littéralement!"

La voir si heureuse me rend bien… J’ai l’impression d’avoir fait quelque chose de grand dans ma vie. Pourtant je ne lui offre qu’un toit pour dormir et mon appartement est plutôt insalubre. Je lui souris en retour pour lui montrer que je suis ravis qu’elle ai accepté mon invitation. Je vais devoir ranger tout mon bordel pour ne pas qu’elle se pique avec l’une de mes aiguilles de seringues. Depuis que je vis dans ce quartier, je me suis toujours retrouvé seul chez moi, alors le ménage ne m’a jamais effleuré l’esprit. Elle se présente gentiment à moi et je lui répond aussitôt…

- Candice… J’aime beaucoup ton prénom ! Je m’appelle Mark Renton ! Je suis content que tu acceptes ma proposition mais je dois t’avertir tout de suite que tu va vivre dans un taudis… Je veux dire tu auras de l’eau chaude avec un peu de chance et ce n’est pas très grand… Une pièce, une petite cuisine, une salle de bain et un WC ! Mon lit c’est juste un matelas que j’ai déposé par terre… Mais j’en ai deux tant fait pas… J’en avais mis un deuxième pour être moins près du sol !

Je me mordille la lèvre tout en plongeant mon regard dans le sien… J’aime beaucoup son style et sa coiffure en particulier. Je lui fais un sourire et je baisse le regard pendant un court instant… Avec la description de mon taudis je ne suis pas sûre qu’elle garde son sourire bien longtemps.

Je sens les doigts fins de Candice relever mon visage et je croise son regard. Elle me souris à nouveau et elle me répond que mon appartement doit être superbe comparé aux ruelles ou elle dormait. Quand on fait cette comparaison c’est évident que mon taudis fait tout de suite mieux. Je lui rend son sourire et je la regarde faire son lacet quand elle se penche.

Elle se redresse lentement et elle penche son visage en me regardant. Elle semble se poser des questions sur mon compte, peut-être qu’elle se dit qu’elle a répondu trop vite car elle ne sait pas à qui elle a à faire. La façon dont elle m’observe me rend mal à l’aise et je détourne légèrement le regard quand elle me fixe.

"Je peux te faire confiance sur toute la ligne ?"

Je plisse les yeux tout en reportant mon regard cerné dans le sien… Elle a tout à fait le droit de me poser ce genre de questions car elle s’aventure dans un endroit qu’elle ne connaît pas. Puis je n’ai pas une allure très attirante pour des jolies demoiselles. Je toussote avant de lui répondre d’une voix claire.

- Eh moi ? Je peux te faire confiance ? Après tout je ne te connais pas et tu pourrai très bien me voler. Mais je ne risque pas grand-chose car je n’ai qu’une vieille télé et quelques vieux meubles ! Ce que je veux te dire c’est qu’on prend tout les deux des risques, mais j’aime le danger !

Je lui offre un large sourire qui dévoile une dentition blanche, ce qui est rare pour un toxicomane, mais mes dents j’en ai toujours pris grand soin. Maintenant j’espère qu’elle est convaincu que je ne suis pas un grand méchant loup. Je continue à lui sourire et mon regard reste fixé dans le sien.

Mark avait plissé les yeux et s’était éclairci la voix. Il lui avait dit que lui aussi courait un risque en la laissant vivre chez lui. Et que même si elle le volait, il n’avait pas grand choses à perdre. De toutes façons il aimait le danger disait-il. Candice avait approuvé son affirmation par un hochement de tête positif. Il était vrai qu’il prenait un risque en invitant une inconnue à venir vivre chez lui quelques temps. La jeune femme s’était levée et avait prit la main frêle de Mark dans la sienne pour l’encourager à se lever lui aussi.

-Est-ce que tu viens me montrer l’endroit? J’ai hâte de savoir où je dormirai ce soir ! Il y a des jours que je n’ai pas regardé la télé.

Son enthousiasme se voyait dans son jeune visage qui rayonnait à nouveau. Elle avait passé sa main libre dan ses cheveux et avait jeté un regard furtif à son visage dans un miroir encrassé à côté du banc où Mark était encore assis. C’était un réflexe chez elle de regarder l’état de son maquillage dans le miroir avant de partir d’un endroit. C’était son côté narcissique qui l’obligeait.

Une fois que Mark se fut levé, elle se dirigea joyeusement vers la porte sous les regards interrogatifs et sarcastiques des prostituées qui venaient de perdre un client potentiel au profit d’une fillette sans abri. La seule pensée de la frustration des femmes donnait envie de rire à Candice. Et elle rit, discrètement au début puis un éclat de rire sortit de sa bouche. Mark devait la dévisager en ce moment même. Elle s’en contre-fichait. Elle était heureuse.

[Désolée pour le retard et le post est nul… 50 coups de fouets pour Candice xD]