Combien de boules sur ton cornet ? [pv Adonis]

Après une longue journée de travail, rien de tel que de se payer un peu de bon temps. Et je ne connais rien de mieux pour se faire que ce palace glacé, cet endroit où il fait froid mais si bon, avec cette odeur de sucre qui ferait peur au meilleur dentiste. Le bar à crème glacée. Ô merveille des merveilles. C'est sur le chemin de la maison, alors pourquoi me gêner. Le paternel va encore chialer parce que je lui avais dit que je rentrerais tout de suite après le boulot mais… C'est Adonis qui m'a invité. Dommage que cet endroit ferme bientôt pour l'hiver... Je ne pourrai plus m'y réfugier.

-Over there, je dis en lui pointant la place du doigt.

Bon d'accord, c'est moi qui l'y ai invité. Mais il faut dire… Je n'avais pas envie de rentrer à la maison. Après une journée éreintante, on a envie de tout sauf de discuter avec son abruti de géniteur de merde. Méchant Alex…

-Comment ça s'est passé l'ouverture ce matin ? je demande tout en lui tenant la porte pour qu'il entre. L'boss m'a dit qu'il y avait a lot of people.

Et c'est plutôt rare qu'à l'open le matin, c'est plein à craquer. Bon d'accord… Pas plein de gens, elle voulait peut-être dire qu'il y en avait des difficiles, ou au maximum, quatre ou cinq. Ou alors il y avait une méga promotion et je ne l'ai pas vue de la journée parce que je suis vraiment nul sur ce coup…

Nombre de messages : 77 Age : 29 Date d'inscription : 05/11/2007

Bon j'ai finis le boulot. Tranquille aujourd'hui, il y avait pas mal de monde. Enfin, plus que d'habitude. Alors que je m'apprête à rentrer chez moi, Alexis me retient et m’invite à manger une glace. Bon, pourquoi pas. Après tout, je n’ai rien d’urgent à faire. J’accepte et le suis. Je prends mon skate et roule à côté de lui. Je n’aime pas beaucoup marcher, enfin pas après un lever à cinq heures du mat’ pour bosser mes cours et une journée de boulot au x20. Bref, je rentre dans le bar après avoir récupéré mon skate que je tiens à présent dans ma main. Alexis me pose une question, enfin, engage la conversation.

-Comment ça s'est passé l'ouverture ce matin ? L'boss m'a dit qu'il y avait a lot of people.

-Bah tranquille. Quatre personnes à l’ouverture, et sur les quatre deux qui énervaient le monde. Et il y avait deux autres mecs que j’ai foutu dehors.

Depuis que j’ai quitté l’Espagne je suis déjà plus détendu. Je n’ai plus mes parents sur le dos, je ne suis plus obligé de parler comme un gosse de riche. Et en plus, je me fais de nouveaux amis alors franchement, c’est la belle vie. J’espère que mon frère s’est bien ramassé à son contrat d’embauche. Il ne manquerait plus qu’il devienne studieux, le petit fils à papa. Bon, bref je passe la commande.

-Tu prends quoi ? Pour moi un cornet un boule vanille, l’autre chocolat et la dernière menthe s’il vous plaît.

C’est sur avec la journée que je viens de passer, j’ai les crocs. Et pas qu’un peu. Depuis que je suis arrivé ici, je n’ai pas eu de nouvelle des autres Carmelo. Tant mieux, mais… à croire que ça porte malheur d’y penser. Mon portable sonne. Je regarde, mon père. Et merde.

-Allo ? Ouais salut. Oui, oui je vais bien, mais non je n’ai pas de mauvaises notes. Oui, oui. T’inquiètes j’ai acheté un appart’. Non, je ne veux pas parler à maman. Ouais, ouais, bon salut.

Scuse, mon partenel.

Foutre des mecs dehors ? Le pauvre. Moi j'ai jamais du aller aussi loin. Un petit sourire, un "dans la boutique là-bas vous devriez trouver" et puff ! plus de clients désagréables. Ou encore le classique du "j'vais appeler la sécurité". Dès que ces mots sortent de ma bouche, ils fichent le camp tout seuls. Pendant que mon image d'Adonis en train de botter les fesses d'un emmerdeur s'estompe lentement, je dis à la dame au comptoir que pour moi, la crème glacée sera dans un bol, et que je veux quatre boules de la saveur radioactive que je dois être le seul à demander : babaloune. Couleur rose et bleue très douteuse – limite inquiétante – et morceaux de chewing gum colorés.

Pendant ce bref instant, le téléphone d'Ad se met à sonner furieusement et je vois une petite lueur d'ennui dans ses yeux quand il regarde l'afficheur. Je ne porte pas attention à sa conversation, me concentrant sur la grosse cuiller de la dame au comptoir qui happe nos commandes dans les contenants respectifs.

-Scuse, mon partenel.

-Oh t'inquiète, je dis. T'es loin de ta famille, tu n'aurais pas du te gêner juste parce que je suis là.

En fait, j'ai bien vu que ça l'emmerdait réellement de leur parler, et je le comprends très bien. Moi, quand mon père appelle, je ne réponds même plus, ou alors je réponds mais je dis n'importe quoi, pour que les gens autour de moi ne voient pas qu'au fond j'ai une envie profonde d'étriper ce bâtard. Mon attention est ramenée à la serveuse, qui tend le cornet à Adonis et me fait glisser mon énorme bol de glace sur le comptoir. Je lui refile le montant demandé et je fais signe à mon compagnon de m'accompagner jusqu'à une table du fond. À ce temps-ci de l'année, à l'approche de la fermeture, il n'y a plus grand monde. Il ne fait pas particulièrement une chaleur à tomber par terre en plus. C'est pour ça que je choisis une place près du calorifère, quitte à faire fondre la crème glacée un peu plus vite. C'est meilleur quand c'est mou.

-T'as de la chance de vivre tout seul, en appartement. Moi j'aimerais bien mais mon père refuse avant que je dois majeur. C'est sympa d'avoir un coin à soi ?

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Eh oui. J’ai bien mit des gens dehors. Pas d’un coup de pied aux fesses, juste en les menaçant d’appeler ma famille. Par chance c’était des espagnols. Bien sur, je n’aurais jamais appelé mes très chers parents. Bref, j’écoute ce que commende Alex, babaloune ? C’est quoi comme parfum ça ? C’est bon ? Après ça, il y a la petite conversation téléphonique qui m’a bien fait chier. Bon, ça c’est fait. Adios mi padre. Je m’excuse auprès d’Al et il me répond tranquillement. Bon au moins il n’a pas fait de remarques gênantes. Il est sympa comme gars, contrairement aux camarades de classes que j’avais en Espagne. Enfin bref, je lui réponds simplement :

-Ouais t’as raison. C’est pas pour rien que j’ai déménagé ici, histoire d’être bien loin de ma famille. En y pensant, faudrait que je change de portable. Comme ça, ils tomberont sur un mauvais numéro.

Ouah ! Comme je suis machiavélique. Nan, pas tant que ça.Bon, pour me faire oublier cette fichue conversation, on nous apporte les glaces. Super. Je crois que je vais bien manger. Bref, Alex me désigne une table au fond. J’acquiesce et le suis. Je m’assis, et commence à manger la glace. Ca fait du bien, ça doit faire un bon bout de temps que je n’ai pas mangé de glace. Forcément, avec mes parents sur le dos me disant de travailler. Enfin bon, je prends mon porte monnaie et sort le montant de ma glace et le donne à Alexis.

-Tiens, pour la glace. Je n’aime pas qu’on m’invite. C’esr déjà sympa de m’emmener ici.

Bah c’est vrai quoi. D’habitude c’est moi qui paye alors je n’ai pas l’habitude qu’on m’invite, c’est aussi simple que ça. Bref, pendant que je me dépêche de finir ma glace avant qu’elle ne fonde, Al prend la parole. Je l’écoute puis sourit avant de répondre :

-Pas de chance. C’est vrai que c’était dur pour mes parents de laisser partir leur gentil petit garçon. Enfin, ils croient que je suis comme ça parce que je joue le garçon super sage et tout pour que me foute la paix. L’excuse que j’ai trouvée pour me barrer de la maison, je dois faire mes études là bas. En Espagne je n’ai pas trouvé d’école pour faire ce que je voulais. Et voilà, salut la compagnie, je me tire et je vous laisse. T’as pas de chance, toi ta famille vis ici, alors même si tu emménage dans un appart’ on pourra toujours te faire chier. Enfin bon, scuse de te démoraliser. Au sinon, ouais c’est sympa de vivre dans un appart’ à soi. Je l’ai aménagé comme jamais je ne pourrais le faire chez moi.

Oulà ! J’ai beaucoup parlé dis donc ! Faut dire que ça me faisait tellement plaisir de parler comme je voulais et en plus, d’un sujet que j’aime bien alors bon, j’en ai profité. Bref, pendant ce temps, pendant que je faisais mon discours, ma chère petite glace commençait à fondre dangereusement. Je me dépêche de l’avaler. Arg ! Dans ma précipitation j’ai avalé de travers quelque chose, et voilà que je me mets à tousser comme un dingue. Al doit vraiment me prendre pour un cinglé là.

[excuse moi pour la lenteur, fin de session oblige XD]

Je l'écoute tranquillement monologuer sur sa vie, sur ses parents, sa famille, rien sur la crème glacée. Pourtant elle mériterait à elle seule un éloge de plusieurs dizaines de pages, j'en suis sûr, et même plus encore. Remarque, la mienne le mériterait, la sienne je ne sais pas. Elle a l'air trop classique. Eh faites gaffe. C'est pas parce que je pense à ma glace – qui porte bien son nom, je viens de me geler le cerveau – que je n'écoute pas ce qu'il dit. La preuve.

-I…

Je ne peux pas vraiment continuer puisque mon collègue vient de s'étouffer avec je ne sais trop quoi. J'éclate de rire. C'est une manière comme une autre de m'empêcher de commencer à parler, de me mettre à déblatérer sur tout et n'importe quoi – surtout n'importe quoi. Après un moment, sa toux se calme, et mon rire finit par se tarir. Qu'est-ce que j'allais dire déjà ? Je m'assure qu'il va bien, puis je reprends.

-Je savais que tu n'étais pas aussi sage que t'en as l'air, je déclare. First, parce que tu as toujours ce petit regard dédaigneux envers l'autorité, two parce que tu roules en skate. It's stupid, mais les gosses sages que je connais évitent les trucs cools. And third, tu travailles dans une boutique punk avec une bande de cinglés. Si malgré ça on peut être sage… je change de nom.

Je souris, fier de mes vieilles déductions, puis je me souviens d'un autre truc qu'il a dit, à propos de ma famille. Je fronce un sourcil et replonge dans ma glace avant de reprendre, la bouche encore remplie de glace rose flashy.

-Well, ma famille… C'est pas si mal. I mean, le père me paie tout ce dont j'ai besoin – je déteste ça mais il n'est pas obligé de le savoir – et je ne suis pas dans le besoin. En appart, je suppose que j'arriverais à peine, pour l'argent et tout ça. Au moins je peux faire du temps plein vu que je ne suis pas à l'école… But even like thatéé. C'est bien d'être logé et nourri. But, dès que la majorité se pointe, I quit.

Je suis sûr que lui-même, jeune au presque même titre que moi, n'est pas toujours rond dans ses fins de mois. C'est pas avec le salaire minimum qu'on va chier loin.

-By the way… pourquoi le X20 ? Il me semble que ça colle pas à ton look d'outside.

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Et voilà ! Super, je commence à m’étouffer et Alex éclate de rire. Sérieux ! De quoi j’ai l’air ?! D’un cinglé, pas doué ? Ou peut être d’un pas doué, cinglé. Comment ça c’est la même chose ?! Enfin bref, quand j’arrive enfin à me calmer, et Alexis aussi, je le laisse parler. Tout en mangeant ma glace, mais plus lentement. Une fois ça va, je ne veux pas m’étouffer une deuxième. Je l’écoute, il me fait bien marrer. Enfin, à l’intérieur de moi, parce que si je commence à éclater de rire en mangeant une glace, je vais encore passer pour un fou. Je lui réponds, tranquillement.

- T’as raison, mais je peux être sage…quand je veux. Bon, généralement je fais semblant mais bon. C’est vrai que l’autorité j’aime pas ça, ça m’énerve mais à un point pas possible. Je roule en skate, parce que je préfère ça que de marcher. Remarques, mes parents ne sont pas au courant. En fait, ils ne sont pas au courant de grand-chose à propos de moi. Et, je travaille dans une boutique punk, parce que c’est mieux que de travailler chez le boucher, ou dans la librairie. Et, puis comme ça, je suis tranquille. Même si c’est avec une bande de cinglés, comme tu dis.

Remarque, je dis ça, mais qui sait si je ne suis pas le plus cinglé de tous. Je me suis retenu de le dire, parce que franchement, ce n’est pas super. Je finis ma glace tranquillement tout en l’écoutant. Et en évitant de m’étouffer aussi. Bref, si il est bien chez son père tant mieux pour lui. Perso, moi, je n’aurais pas put supporter vivre une année, voir une semaine de plus chez mes parents.

- Te payer tout ce dont t’as besoin. Ouais, si tu veux, mais moi, mes parent ils ne savent pas vraiment qui je suis réellement alors bon. Pour eux, ce dont j’ai besoin c’est d’un livre de maths, une super calculatrice, des cahiers. Brefs, tu vois le tableau. Pour moi, l’appart ça va, travailler au X20 suffit. Et puis, si je suis un peu sec, je prends dans mon compte. Mes parents ont insistés pour me virer un peu d’argent chaque mois. Pour le temps plein, c’est raté pour moi, je suis à l’université presque toute la journée, à part le mercredi et le dimanche.

Et oui ! Même si ça m’énerve, je suis obligé de faire appel à mon compte en banque quand je suis un peu à sec. Ca revient à faire appel à mes parents. Ils ont réussis à avoir un moyen d’avoir un lien avec moi malgré la distance. Ils sont machiavéliques ! Bref, j’écoute Al et répond tranquillement.

- Bah ! Tu sais, le X20 est le seul magasin où j’ai vraiment l’impression de ne pas être chez moi. Et puis, j’aime bien le style. En ce qui concerne mon look, j’ai pas eu le temps de le changer pour l’instant. C’est déjà bien que je n’ai pas de costar cravate à mettre. Parce que, tu m’imagines en costar sur mon skate. La classe non ?

Bah oui ! Mes parents sont toujours à m’acheter mes habits. Pas de chance, mais bon, je fais avec.

C'est fou ce que ce mec et moi on a en commun. Tous les deux cracherait sur l'autorité parentale. On la prendrait entre nos doigts et on en ferait une boulette pour mieux la piétiner et la déchirer sous nos bottes. Enfin, moi c'est ce que je ferais, même si je ne le dirais pas à haute voix. Je n'aime pas qu'on sache que c'est galère chez moi, je n'aime pas qu'on sache que je ne vais pas bien alors que je peux toujours fonctionner avec mes deux bras et mes deux jambes. En plus j'ai toute ma tête, alors de quoi je me plains ? Oui, mon père n'est pas facile. Et alors ? Et alors rien ! Je n'ai pas à me morfondre et emmerder le peuple avec des idioties d'histoires de wannabe-a-family.

En plus, tous les deux on a en quelque sorte quelqu'un collé sur le dos pour nous indiquer la voie à suivre. Lui ce sont les études glorieuses, moi c'est la reprise de la boîte du père. Qui ça intéresserait ? Cette boîte roule déjà tellement bien que même si elle n'avait plus personne à sa tête, elle continuerait de se porter comme un charme pendant plusieurs années. Tout ça pour dire que nous avons emprunté des routes différentes de celles qui nous étaient destinées. Lui s'est trouvé un job minable pour échapper à l'emprise de ses parents, tout en continuant toutefois d'étudier. Moi j'ai trouvé un job minable pour occuper mon temps parce que j'ai lâché l'école seulement pour faire chier le père. Bravo Alex… Jeter toutes tes chances à l'eau pour des querelles qui n'en valent probablement même pas la peine.

Je ricane doucement en imaginant le pauvre mec en costar sur sa planche de skate. L'image s'impose dans mon esprit et roule d'un côté à l'autre. Finalement, je ris ouvertement, tenant loin de moi mon cône de glace pour ne pas m'y tremper bêtement les cheveux.

-Ouais j'admets. Mais t'es pas forcé d'changer d'style tu sais ? I mean… Je m'habille comme ça pour la job, mais je déteste le noir, et je suis pas fan du mouvement punk, ou goth, ou whatever que ce soit dans l'genre. Okay ça a du style, et I love Style, mais c'est pas le mien. Le noir ça me déprime, white's better !

Je souris, ouvrant mon sac d'un geste négligeant à côté de la table. Dedans trainent tous mes vêtements d'un blanc éclatant, aveuglant pour les yeux, une multitude d'accessoires colorés, une ceinture verte et orange et des tubes de teintures temporaires.

-Moi mon truc, c'est ce que je peux mettre dans un rave. Tant que c'est flashy et que ça se voit dans l'black, ça fait mon affaire.

Au début ça m'agaçait de devoir me changer tous les matins pour revêtir des tenues sombres et déprimantes. Mais je m'y suis fait.

-Oh by the way ! Demain tu travailles ? Moi c'est ma journée off, et ce soir il y a un super rave en ville. Si tu veux j'te prête du linge et tu viens avec moi. I'm sure que tes parents détesteraient, j'ajoute en souriant et en mordant dans ma glace.

Ish … Cold….

» Adonis Carmelo