Une bien étrange année que nous avons là. Les saisons semblent se rebeller sans cesse contre la logique. Mi-automne et les plages sont toujours ouvertes, prêtes à l'emploi. Mais bon, l'Amérique c'est différent de l'Irlande. Nous nos plages… hmn, n'en parlons même pas. C'est bien la seule chose ici qui me fasse délirer. Pouvoir me baigner presque à tous les jours. Bon ça ne durera sans doute pas très longtemps par contre. Le temps a beau être chaud, quand le vent se met à souffler, c'est plutôt frisquet.
Aujourd'hui, je me trouve chanceux. Il fait un temps radieux, l'occasion idéale d'aller faire trempette et peut-être, si il y a du monde de faire une partie de volley, soccer ou autre. Wonder Alex, prêt anytime pour une game ! Toujours prêt à rencontrer du monde et à s'éclater.
En short de bain et en t-shirt, mon sac sur les épaules, je marche le long du rivage, les pieds nus par haine des babouches qui se coincent entre les orteils. Je préfère la caresse rude mais douce du sable, et celle de l'eau salée. J'ai du enlever mes anneaux à la lèvre avant de venir. La dernière fois, une grosse vague m'est tombée sur la tête et Dieu seul sait comment, j'ai réussi à perdre un de mes bijoux. Ouais… non seulement elle était grosse mais elle était aussi très forte.
Je baille en regardant les gens qui s'affairent à … rien du tout. À croire que les gens ne viennent ici que pour bronzer plutôt que pour s'amuser. Oh mais voyons, une plage c'est fait pour s'éclater, pas pour s'écraser et se plaindre des gens qui font du bruit. Je monte le volume de mes écouteurs et les mets fais glisser dans mon cou pour ne pas me rendre sourd. De toute façon, ils sont super puissant et c'est comme si la musique sortait d'un radio maintenant. Le divin violon de Vanessa Mae résonne à mes oreilles, tirant de leur torpeur quelques personnes qui bougonnent. Voyons ! Quand de la musique est aussi bonne, on se tait et on apprécie.
Bon, il est temps pour moi d'aborder quelqu'un, sinon je vais faire une crise d'ennui sur cette fichue plage. Je m'approche du stand du marchand de glaces, auquel je vais acheter deux jolis cornets. Stratégie du jour, en offrir un à un ou une parfaite inconnu/e et m'en faire un ami à utilisation unique, c'est-à-dire pour aujourd'hui seulement, en théorie. Je repère quelques personnes, mais jamais seules. Je continue à arpenter la plage quand je vois une demoiselle bien étendue, exhibant un corps plutôt bien fait. Oh détrompez-vous tout de suite. Ce n'est pas pour ses formes et son bikini que je vais la voir, mais bien parce qu'elle est aussi seule que moi dans cet endroit, et que j'ai un cornet à partager avant qu'il décide de me fondre dans les mains.
-Vanille ou fraise ? je lance en me laissant tomber à côté d'elle, alors que Vanessa Mae est éclipsée par un classique de Peter Gabriel.
Mon père m'a toujours dit que les convenances voulaient qu'on se présente en quelqu'un en tendant la main, en le regardant dans les yeux. Non. Moi je fixe l'océan et je parle de crème glacée.